Ivan Abramovitch Morozov  (1871-1921)

Ivan Abramovich Morozov was born on November 27, 1871 in Moscow in one of the most famous merchant dynasties of Russia, second son of Abram Abramovich Morozov and his wife, Varvara AlexeĂŻevna Morozova, born Khloudova.

The founder of the famous Morozov dynasty was Savva Premier (1770-1860). Serf of counts Rioumine, he became later the merchant Savva Morozov of the first guild of Bogorodsk, and opened a workshop in his native village Zouev in the Bogorodsk region production of silk lace. The laces were woven on a single loom, then transported over a hundred versts (old Russian distance measure equivalent to 1067 meters) in Moscow by Savva Vassilievitch himself. From year to year, this skillful peasant was expanding his business. However, he needed twenty-three to save the sum,considerable for the time, seventeen thousand rubles to be able to free all its great family in 1825.

Ivan Abramovitch Morozov

The five sons of the former serf de Rioumine (of which started in fact the four branches of the famous business from their father at the end of the 19th century) had all inherited the spirit of their father’s business. This gene had to be so powerful that each brother separately (and the five together) created the Morozov clan of the national textile industry.

Timoféi Savvitch became the owner of the Nikolsk, Elisei and Vikoula the one

from Orekhovo-Zouev, the factories of Bogorodsk-Gloukhovsk belonged to Zakhar. As forAbram, he owned those of Tver. In a new partition of Morozov property, in fact the fourth, the cotton mills of Tver (town which was the first to be crossed by the line of Nicolas’ railway connecting the two Russian capitals) fell in 1872 to the brothers Abram and David Abramovitch.

Entrée principale de la Manufacture de Tver 1900

David et Abram Abramovitch Morozov

Tver, Usine Morozov

It was Abram Abramovitch Morozov who actually became the director of the “Company ofFactories of Tver ”created by the two brothers. As was the case with all Morozovs and that without exception, the business went big. State-of-the-art weaving equipment were ordered from England and Sweden and foreign specialists were called in. Theirown dyers and other auxiliary equipment transformed the Morozov factories into a perfectly oiled mechanism that transformed cotton and raw silk into fabrics for alltastes and all budgets.

For these successful entrepreneurs a successful marriage was serious business. In this world merchants, young men “to marry” having good but not being well known, had a clear inclination to choose their future wifes among those bearing a name. In marrying Varvara Khloudov, Abram Morozov had chosen a good party which related him to the family of Khludov manufactures with which the Abramovichs were already in close relatives.

From this union were born 3 boys, MikhaĂŻl Abramovitch (1870-1903), Ivan Abramovitch(1871-1921) and ArsenĂŻ (1874-1908).

Les dirigeants de la manufacture de Tver 1915

Abram Abramovitch

Varvara AlexeĂŻevna

MikhaĂŻl Abramovitch

Ivan Abramovitch

ArsenĂŻ Abramovitch

A l’âge de 21 ans, l’étudiant de l’Université de Moscou Mikhaïl Abramovitch Morozov devient l’héritier légal des millions de son père. Cette même année, Ivan Abramovitch part pour Zurich et entre à la faculté de chimie de l’École Polytechnique Supérieure. Il faut noter qu’à cette époque de telles connaissances étaient particulièrement prisées dans le milieu du textile; Savva Morozov était lui aussi chimiste de formation. En Suisse, tout en étudiant assidûment, Ivan se passionne pour l’art: il fait du dessin avec des étudiants en architecture, et, le dimanche, se rend en plein air pour peindre à l’huile des paysages.

En 1898, à l’âge de vingt-quatre ans, Ivan Abramovitch Morozov, spécialiste diplômé, espoir de sa famille, revient chez lui pour se rendre directement à Tver. Là où des milliers d’ouvriers tissent du calicot, de l’indienne et du velours. Là où s’étendent les fabriques de la Société des Manufactures de Tver, le célèbre empire des Morozov.

Les usines Morozov

Le jeune Morozov se mit activement au travail: la production augmentait, les dĂ©bouchĂ©s s’élargissaient, les propriĂ©taires s’enrichissaient. MikhaĂŻl, d’un an plus âgĂ© que son frère, ne voulait mĂŞme pas entendre parler de la fabrique. ArsĂ©nĂŻ, bien qu’ayant fait ses Ă©tudes en Angleterre et y ayant mĂŞme fait un stage sur «les pratiques de production», passait ses journĂ©es Ă  la chasse ou avec ses chiens. Ce qui n’empĂŞchait pas les frères de recevoir rĂ©gulièrement un substantiel revenu puisqu’ils Ă©taient actionnaires Ă  parts Ă©gales de la sociĂ©tĂ©. Seul Ivan correspondait parfaitement Ă  l’image du fabricant type créé par la littĂ©rature russe. Il faut pourtant bien dire qu’il s’adonnait Ă  ce rĂ´le avec grand plaisir. Sous une apparence pleine de douceur – le peintre SerguĂ©i Vinogradov le surnommait «le veau aux bons yeux» – Ivan Abramovitch se distinguait en affaires par sa rationalitĂ© et parfois mĂŞme sa duretĂ© et son inflexibilitĂ©, particulièrement quand il s’agissait d’augmenter le salaire des ouvriers. Morozov restait totalement Ă©tranger Ă  «la rĂŞverie slave inhĂ©rente aux Russes», considĂ©rant qu’en affaires, elle ne peut ĂŞtre que nĂ©faste.

ConsidĂ©rĂ© comme un «capitaliste et conservateur convaincu», Ivan Morozov fut plus d’une fois accusĂ© de radinerie. A ce sujet courrait une anecdote selon laquelle lors d’une messe, le riche marchand prĂŞta cinq roubles Ă  son frère Ă  la condition qu’il les lui rende avec les intĂ©rĂŞts.

Il était toutefois absolument impossible d’accuser Ivan Morozov de ne pas sincèrement aimer l’affaire qu’il dirigeait, car c’est justement cette extraordinaire ténacité dans l’effort pour atteindre son but qui lui permit de se retrouver, à vingt-cinq ans, à la tête de la société. Jusqu’à sa mort, sa mère Varvara Alekséievna resta présidente du conseil d’administration. Ivan, quant à lui, occupa en permanence le poste de directeur-administrateur de la société et cela jusqu’en novembre 1917 quand il transmit la fabrique au comité des ouvriers. C’est pendant son mandat qu’eut lieu la première grève de 1897. Beaucoup plus grave fut l’année 1899 quand Ivan Abramovitch fut contraint de quitter Tver, et puis vinrent les troubles de l’année 1905 qui aboutirent à la première révolution russe. Serguéi Vinogradov se rappelle qu’après ces événements les propriétaires ne se montrèrent jamais plus dans la fabrique. Le peintre se trouva être le témoin involontaire de huées et d’insultes de la part des ouvriers: «Mikhaïl était déjà mort, quant à Ivan il avait beaucoup grossi et c’est cette obésité qui provoquait chez les ouvriers de grossiers et répugnants jurons. Cette époque était mauvaise – une époque de mutinerie». Toutefois, même cette irrespectueuse attitude de la part de ses propres ouvriers n’empêcha pas Varvara Alekséievna d’allouer des millions pour améliorer la vie quotidienne des travailleurs: «C’était une ville entière aux abords de Tver. Près de vingt mille ouvriers y habitaient. L’aménagement de la petite ville ouvrière était étonnant. Un énorme théâtre avait été construit pouvant contenir plusieurs milliers de spectateurs, des salles de lecture, une bibliothèque, de beaux appartements modèles pour les ouvriers».

Cependant, ni les troubles, ni les secousses politiques n’empêchèrent la société de doubler son capital, ce que Morozov réussit à faire en moins de dix ans. Il réussira même à tripler le capital de son père la veille de la révolution de 1917.

Ayant passé presque cinq ans d’affilée dans cette ville provinciale de Tver, l’énergique Morozov souhaitait, bien évidemment, s’en échapper. Le jeune homme préférait les joyeuses compagnies, suivait la mode, aimait bien manger : l’obésité était un mal familial, Youri Bakrouchine l’appelait «le gros sybarite rose» et «la bonne pâte paresseuse». En d’autres termes, Morozov aimait la vie et savait vivre. Il n’est pas étonnant qu’il cherchât à s’évader en fréquentant des femmes, en voyageant à l’étranger et en achetant des tableaux. Curieusement, cette dernière passion éclipsera les autres et deviendra la principale.

Dans la vie d’Ivan Morozov, la période moscovite durera près de vingt ans. Au début il n’y venait que de temps en temps, puis, en 1899, après avoir acheté une maison ou plus exactement une propriété nobiliaire, il déménagea définitivement dans la capitale. Ainsi Morozov fêta la venue du nouveau  XX ème siècle en tant que propriétaire immobilier moscovite.

Palais d’Ivan Abramovitch Morozov Ă  Moscou  (photo 1920)

Le choix d’un vieil hôtel particulier sur la Pretchistenka, classique, sans trop de magnificence et ayant en son temps appartenu à la veuve de son oncle David Abramovitch, dénotait un bon goût et de grandes ambitions. De plus, cette maison semblait être en totale opposition avec le pompeux palais du boulevard Smolensky de son frère Mikhaïl avec ses appartements d’apparat décorés «en styles» et se démarquait encore plus du palais mauresque de son frère Arséni qui frappait tant par sa bizarrerie.

Il faut noter ici que jusqu’à présent l’on sait très peu de choses en ce qui concerne les relations entre les frères. Par contre, tous les mémorialistes considéraient de leur devoir de rappeler le despotisme de leur mère Varvara Alekséievna à l’encontre de ses propres fils.

En décembre 1901, Ivan Morozov fait la rencontre d’Eudoxie Kladovchikova (1885-1959), une jeune artiste qui se produisait au restaurant «Iar». De cette relation naîtra une fille, Eudoxie Ivanovna le 24 juillet 1903. Le mariage n’aura lieu que 4 ans plus tard, le 27 juillet 1907.

Rue Pretchistenka (photo début 1900)

Palais d’ArsenĂŻ Abramovitch Morozov

Façade principale du Palais d’Ivan Morozov

Restaurant “Iar”, Moscou, dĂ©but 1900

Eudoxie SergueĂŻevna Kladovchikova

Née le 10 février 1885 à Rostov sur le Don. Elle décède à son domicile, 1 rond-point Bugeaud à Paris 16ème le 4 mars 1959. Elle sera enterrée au cimetière orthodoxe Russe de Sainte Geneviève des Bois.

 

 

Portrait d’Eudoxie Morozov par Valentin Serov, 1908.

Actuellement exposé à la Galerie Trétiakov.

Eudoxie Ivanovna Morozov

Fille unique d’Ivan et d’Eudoxie Morozov.

NĂ©e le 24 juillet 1903 Ă  Moscou. Elle dĂ©cède  Ă  son domicile 3 rue Franklin Paris 16Ă©me le 27 dĂ©cembre 1974. Nous n’avons pas d’indications sur son lieu d’inhumation.

Elle Ă©pouse Serge Konowaloff le 20 janvier 1922. De cette union naitra un enfant unique, Ivan (dit “Jean”) Konowaloff le 10 dĂ©cembre 1922. Leur divorce sera prononcĂ© le 15 novembre 1937.

Elle épouse en seconde noces Monsieur Kasaichvili le 1er mai 1942. Leur divorce sera prononcé le 16 novembre 1948. Aucun enfant ne sera issu de cette union.

Elle épouse en troisième noces Charles Lesca le 28 septembre 1953. Aucun enfant ne sera issu de cette union.

Ivan Morozov débute ses achats de tableaux après son installation à Moscou.

Il entreprit d’abord de collectionner les toiles de peintres russes mais se rendait chaque année à Paris à la recherche de chefs-d’œuvre. Il devint très vite un habitué des galeries d’art moderne (Vollard, Bernheim-Jeune, Durand-Ruel…) et des expositions (Salon d’Automne…). En 1903 il achète chez Durand-Ruel son premier artiste étranger Sisley «Gelée à Louveciennes» (huile sur toile de 1873, aujourd’hui au musée Pouchkine de Moscou).

Il semble que l’exemple de son frère aîné Mikhaïl, lui aussi collectionneur, fut contagieux.

“En allant Ă  la TrinitĂ©” de Constantin FĂ©dorovitch Iouon

Huile sur toile 53 x 107

Gallerie Trétiakov

“GelĂ©e Ă  Louveciennes” Alfred Sisley

Huile sur toile 46 x 61

Musée Pouchkine

Reçu d’achat

Dans ses achats de peintures, et contrairement à Serguei Chtchoukine, autre grand collectionneur et mécène russe, Ivan se montrait toujours prudent et strict, redoutant les extrêmes, tout ce qui était instable ou en gestation. Il n’éludait jamais les conseils de peintres moscovites aussi notoires que Valentin Serov, Constantin Korovine et Sergei Vinogradov, lequel avait été le conseiller principal de son frère Mikhaïl, mort prématurément en 1903. Les tableaux de ces peintres faisaient d’ailleurs également partie de la collection Morozov, où les œuvres d’artistes russes vivants tenaient une place nullement négligeable.

Si les paysages dominent dans la collection Morozov, c’est parce qu’il avait pour ce genre une prédilection venant, d’une part, de ses conseillers, peintres paysagistes et, de l’autre, des leçons que, dans sa jeunesse, il avait prise avec son frère aîné auprès de Constantin Korovine. Par la suite faisant ses études à l’École Polytechnique Supérieure de Zurich, Ivan Morozov continua de peindre à l’huile des paysages pour se détendre.

“Arc-en-ciel”  Constantin Andréïevitch Somov

Ivan Morozov ne chercha jamais à attirer l’attention de la presse et de la critique. Il répugnait à exhiber sa collection.

Cependant, la réputation du collectionneur Morozov avait tôt franchi les frontières. Il fit surtout parler de lui en 1906, lorsqu’il prêta ses toiles russes à Serge Diaghilev pour l’exposition « deux siècles d’art russe » que ce dernier avait organisé au Salon d’Automne de Paris. Cela valu à Morozov d’être élu membre d’honneur du Salon et décoré de la Légion d’Honneur. Depuis ce moment, plus d’une trentaine de toiles firent leur entrée chaque année rue Pretchistenka

“Portrait de Vollard” Pablo Picasso

Huile sur toile 93 x66

Musée Pouchkine

Ivan Morozov, que Vollard appelait «le russe qui ne marchande pas», était un client bienvenu dans les galeries parisiennes, aux enchères et expositions de toutes sortes. On sait qu’il pouvait se permettre de dépenser 200 000 à 300 000 francs par an pour les tableaux, une somme qui était à la portée de peu de musées en Europe (par exemple, il acheta chez Durand-Ruel pour un quart de million de francs de tableaux).

Ivan Morozov était soucieux de montrer les principales étapes de l’art contemporain et de représenter chaque peintre de la façon la plus complète.

Il aborda dans le même esprit, en 1905, l’aménagement d’une galerie de peinture dans son hôtel particulier, le bâtiment principal d’un domaine datant des années 1840. A sa demande, l’architecte Lev Kékouchev conféra à l’enfilade de pièces du premier étage un strict aspect de musée, supprimant toutes les moulures et tapissant les murs d’un tissu gris et neutre. Quant au toit, on y avait installé une verrière, au travers de laquelle la lumière diurne entrait comme dans les musées dignes de ce nom.

Reçu d’Ambroise Vollard

Reçu de la galerie Druet

Reçu de la galerie Bernheim Jeune

Concevant sa collection comme un ensemble « d’œuvres et non pas de noms », Morozov pouvait attendre pendant des années le tableau destiné à représenter tel ou tel peintre. Morosov possédait cinquante toiles d’impressionnistes, dont Monet, Renoir, Pissaro et Degas. La génération suivante était surtout représentée par Van Gogh, Cézanne et Gauguin les œuvres de ce dernier ayant fait leur entrée rue Pretchistenka après la rétrospective du peintre au Salon d’Automne de 1906. L’œuvre préférée de Morozov était la nature morte « Pèches et Poires » de Cézanne. En 1907, Ivan Morozov commanda à Maurice Denis une décoration murale pour la salle de concert de son hôtel; ces cinq panneaux de «l’histoire de Psyché» peints pour Morozov furent exposés au Salon d’Automne de 1908.

Par la suite, c’est à Pierre Bonnard que Morozov commanda le triptyque « Méditerranée » pour l’escalier principal de son hôtel.

“Coin de jardin Ă  Montgeron”  Claude Monet

Huile sur toile 175 x 194

MusĂ©e de l’Ermitage

“L’enfant au fouet”  Auguste Renoir

Huile sur toile  105 x 75

MusĂ©e de l’Ermitage

“Eragny, matin d’automne” Camille Pissaro

Huile sur toile 54 x 65

Musée pouchkine

L’hôtel Morozov recevra les visites de Maurice Denis puis en 1911 de Henri Matisse. Ce dernier évoquait Ivan Morozov en disant: « Morozov, un colosse russe, possédait une usine employant plus de 3000 ouvriers et était marié à une danseuse».

En 1918, Ivan Morozov avait acquis pas loin de 200 toiles d’impressionnistes étrangers.

Salle “CĂ©zanne”, en 1920, l’ancien Palais Morozov est devenu le “Second MusĂ©e d’Art Occidental Moderne”. Toutefois, rien n’a Ă©tĂ© changĂ©, de la place des toiles au tapis sur le sol.

Les événements prirent une telle tournure dans la Russie soviétique que dès 1918 les anciens possédants n’eurent plus que le recours de s’enfuir pour sauver leurs vies.

La collection d’Ivan Morozov fut nationalisĂ©e par dĂ©cret de LĂ©nine le 19 dĂ©cembre 1918. La maison Morozov de la rue Pretchistenka et la collection qu’elle abrite deviennent “deuxième musĂ©e de la peinture occidentale moderne”.

Pendant quelques mois, Ivan Morozov sera conservateur adjoint de sa propre collection (tâche qui consistait à guider les visiteurs dans les salles).

Salle “Van Gogh”, 1920, Second MusĂ©e de Peinture Occidentale Moderne

(ancien Palais Morozov)

C’est au printemps 1919 qu’il quittera définitivement la Russie pour ne jamais y revenir. Il s’installera à Paris à l’hôtel Majestic puis 4 square Thiers.

Il décède à Carlsbad où il séjournait pour une cure, le 22 juillet 1921 sans avoir revu sa collection.

Sa dépouille devait être rapatriée en France mais il sera finalement inhumé à Carlsbad.

Grand HĂ´tel Pupp de Carlsbad, 1900

NĂ©crologie du journal parisien “Obchee Delo”

HĂ´tel Majestic, Paris

En 1922, les deux musées (celui de Chtchoukine et celui de Morozov) sont réunis en une seule entité «Musée d’état de l’art occidental moderne» et regroupés dans le palais Morozov en 1928. Entre 1930 et 1934 une partie des œuvres est transférée au musée de l’Ermitage de Leningrad. Deux toiles de Morozov («Madame Cézanne dans la serre» de Cézanne et «Café de nuit» de Van Gogh) sont cédées à une galerie américaine dans le cadre de la campagne de cession des œuvres des musées russes contre des devises.

Pendant la seconde guerre mondiale, les collections du musée furent évacuées à Novossibirsk, un voyage pénible qui ne pouvait manquer de laisser des traces sur les chefs-d’œuvres. Ensuite, de retour à Moscou, les toiles restèrent longtemps dans leurs caisses. On approchait de 1948, année des plus tragique pour l’art et la culture soviétique, qui vit débuter la lutte contre le «cosmopolitisme» et toutes les manifestations de formalisme. Catégories où se trouvaient reléguées toutes les tendances de la peinture moderne depuis l’impressionnisme.

Ce n’est que par le plus heureux des hasards que ne put être mis à exécution le projet du Département des musées du Comité pour les affaires artistiques : disperser les toiles dans les musées de province, en détruire même certaines, et ne garder dans les musées de la capitale que les meilleures œuvres (à leur entendement).

En 1948 suite à la fermeture du musée (qui l’était depuis 1941), les toiles sont arbitrairement réparties entre les musées de l’Ermitage de Leningrad et le musée Pouchkine de Moscou.

En 1933, le gouvernement soviĂ©tique, ayant besoin de devises, a vendu un certain nombre de tableaux dont “le CafĂ© de nuit” de Van Gogh et “Madame Cezanne dans la serre” de Cezanne provenant de la collection Morozov.

Ces 2 toiles ont Ă©tĂ© achetĂ©es par le collectionneur amĂ©ricain Stephen Clark par l’intermĂ©diaire de deux galeries :  la Galerie Knoedler Ă  New York et la galerie Matthiesen Ă  Berlin.

Clark dĂ©cida de lĂ©guer les oeuvres Ă  l’UniversitĂ© de Yale et au Metropolitan Museum qui en prirent possession a son dĂ©cès en 1961.

“CafĂ© de nuit” Vincent Van Gogh (1888)

Huile sur toile  72,4 x 92,1

Galerie de l’UniversitĂ© de Yale

Les collections de Chtchoukine et Morozov restèrent longtemps invisibles. Il fallut attendre les grandes expositions de peintures françaises, à Moscou en 1955 et à Leningrad en 1956, pour qu’une partie des tableaux soit montrée en permanence. Au milieu des années soixante, on put enfin voir la quasi-totalité des collections, quoique sans mention des anciens propriétaires à qui la Russie devait de posséder ces joyaux de l’art moderne.

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